La réponse d’Elyse (ou l’art de se parler sans s’emporter)
Chère Pascale,
Je me suis beaucoup amusée en lisant ton texte, surtout quand tu as parlé des mamans blogueuses sur internet et de la compétition que de telles images de « perfection » peuvent engendrer dans nos rapports avec les autres parents!
C’est bien vrai tout ça… On est sévères envers les autres, mais c’est surtout parce qu’on est tellement exigeants envers nous-mêmes! Si on se donnait plus souvent la chance d’être humains (voire faillibles) des fois, je suis certaine que ça aurait un impact positif dans nos relations avec les autres! On prendrait peut-être certaines choses un peu moins au sérieux? On demande à nos enfants d’apprendre de leurs erreurs, alors qu’on ne se permet presque jamais d’en faire!
Et puis, derrière le visage du « mauvais » parent, il y a une histoire que l’on ne connaît pas quand on juge hâtivement… Peut-être que la mère qui hausse le ton a eu une très mauvaise journée et que c’est l’une des rares fois où elle a agi de cette façon? Peut-être qu’elle vient tout juste d’apprendre une mauvaise nouvelle et que le stress l’a fait réagir bien autrement qu’elle ne l’aurait souhaité?
Peut-être que le père qui consulte son téléphone intelligent au terrain de jeu est en train de rédiger un courriel à un collègue de travail, lui disant qu’il lui reviendra plus tard parce qu’il souhaite justement passer du temps avec son fils?!
Pour ce qui est des interventions envers les cocos des autres, il est vrai que c’est plutôt délicat, comme sujet… Mais, comme une grande partie de mon boulot consiste à travailler de concert avec les parents, je crois sincèrement qu’il est possible de communiquer dans le respect de l’autre, surtout si on a comme préoccupation majeure d’amener un enfant à grandir et à mieux s’épanouir!
Les parents sont beaucoup plus réceptifs que l’on pense lorsqu’on les informe clairement de nos bonnes intentions, et ce, dans l’intérêt de ce qu’ils ont de plus précieux : leur enfant!
Je suis toutefois bien consciente que mes interventions sont peut-être mieux accueillies par les parents puisqu’elles sont effectuées dans un cadre éducatif bien précis… Mais j’ai, moi aussi, une sœur, des frères et plusieurs amis qui ont des enfants et avec lesquels je me retrouve très souvent dans la même situation délicate.
Ceci étant dit, j’ai quand même envie de partager avec toi un outil vraiment merveilleux quand vient le temps de se parler et de se comprendre, peu importe le contexte! Il s’agit de la CNV ou communication non violente développée par Marshall Rosenberg. Tu connais? Je te recommande d’ailleurs le livre Élever nos enfants avec bienveillance : l’approche de la communication non violente qui parle spécifiquement des bons mots à utiliser comme parents.
Si je résume cette méthode qui repose sur le « langage du cœur », ça ressemble à ceci et c’est plutôt simple, car nous nous rappellerons facilement des 4 lettres OSBD (observation-sentiment-besoin-demande) :
- On commence par exposer ce que l’on observe de la situation qui nous déplait.
- On exprime clairement nos sentiments. (On parle au « je ». On n’exagère pas inutilement la situation.)
- On identifie nos réels besoins.
- On formule une demande (sans exiger).
Par exemple, si le petit ami de notre enfant lance un jouet à travers la pièce alors que ce n’est pas permis à la maison, on peut simplement s’exprimer de la façon suivante :
« Je vois que tu lances des objets dans la maison ».
« Je suis agacée quand on lance des objets dans la maison et j’ai peur que quelqu’un se blesse ». (expression des sentiments)
« J’ai besoin que tous les amis dans la maison puissent jouer en sécurité. » (identification des réels besoins)
« Pourrais-tu, s’il-te-plaît, faire rouler la voiture par terre ou la faire passer dans le tunnel à la place? » (formulation de la demande)
Il est clair que cela peut paraître long comme manière de s’exprimer au début, mais, crois-moi, ça porte fruit à long terme et c’est beaucoup mieux reçu que lorsqu’on sort de nos gonds!
Évidemment, si le parent de l’enfant en question est présent, je pense qu’il est préférable de lui donner le temps d’intervenir lui-même, question d’éviter des petites tensions inutiles et des discussions désagréables… Mais, si jamais cela ne se produisait pas, je pense qu’on a le droit d’exprimer nos limites comme personne… Et je pense sincèrement qu’un parent sera confortable dans notre intervention avec son enfant si cette méthode est utilisée.
Tout peut se dire si on le formule adéquatement! La méthode de la communication non violente a justement comme effet de rapprocher plutôt que d’éloigner les deux partis. Elle crée un climat d’ouverture à l’autre au lieu de stigmatiser le conflit dans l’opposition.
J’ai aussi bien aimé cet article dans Maman Pour La Vie qui résume bien ce qu’on peut faire avec les enfants des autres, les petits voisins, les cousins, afin d’éviter d’en faire trop et nuire ainsi au développement de l’autonomie de nos petits amours.
Par exemple, le simple fait de s’approcher des enfants qui jouent a souvent pour effet de « calmer » les comportements moins souhaitables sans qu’on ait à dire quoi que ce soit!
C’est également notre rôle comme parent d’apprendre à nos enfants à se positionner lors des conflits et à se faire respecter tout en respectant les autres. Ça fait parfois mal au cœur de voir son petit se faire mettre à l’écart au terrain de jeu ou se faire bousculer près de la glissoire, mais c’est aussi l’occasion de rebondir avec lui sur la situation en lui demandant par la suite ce qu’il aurait pu faire pour éviter que cela se produise…
Les jeux de rôle sont très chouettes, d’ailleurs, pour outiller nos enfants et leur apprendre à s’affirmer en groupe alors qu’on est juste tous les deux! Le parent peut jouer le rôle d’un ami plus intimidant et l’enfant apprend à lui dire ce qu’il n’aime pas et à exprimer ses limites.
Pour ce qui est des vacances entre amis, certains proposent d’établir clairement les règles à suivre avec tous les enfants avant de partir ou à l’arrivée au chalet ou à la maison de vacances. On peut aussi nommer un adulte responsable des interventions éducatives pour une journée X. Mais encore faut-il être à l’aise de déléguer!
Il y a plusieurs options possibles et chacun peut y aller selon sa personnalité. L’important, c’est de prévenir plutôt que guérir et d’arriver à s’entendre pour les grandes lignes.
Et, pour le reste, on est en vacances, non? On peut se dire que, pour cette petite semaine-là, on s’assouplit un peu tout le monde et on profite de la vie! Du moins, ça fonctionne assez bien chez moi!
Au plaisir de te lire bientôt! Et… bonnes vacances!
Elyse
Élyse Gagnon-Pelletier
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