#METOO… #PLEASENOTYOUTOO!
« J’aurais voulu que cette page reste blanche
Blanche comme une minute de silence…
Pour les petits prisonniers du silence.
Chaque jour, un ogre sexuel dévore le cœur d’un enfant
Entre les tragédies médiatisées qui secouent notre indignation,
Notre immobilisme resserre les muselières sur les mâchoires enfantines.
Peut-être qu’un jour, toutes les petites filles et tous les petits garçons seront assez libres,
assez forts, suffisamment aimés et supportés pour s’opposer à quiconque tenterait de les
priver de leurs rires et de leur enfance. » Jocelyne Robert
Cette citation tiré du livre Te laisse pas faire me va droit au cœur car, en tant que spécialiste et amoureuse de la petite enfance, la prévention des abus sexuels est un de mes cheval de bataille!
Comme plusieurs d’entre vous (car, bien que pas du tout étonnée, force m’est de prendre la mesure de l’énormité de notre blessure collective et MONDIALE), j’ai participé au mouvement qui crée actuellement un véritable tsunami de solidarité et j’ai écris #METOO sur mon fil d’actualité.
J’ai mal au cœur, je pleure de rage, de mépris, de honte un peu et de joie aussi. Je suis fière d’être femme, mais j’ai mal à nous! J’ai mal à cette peur omniprésente que portent les filles. Mais je suis profondément émue par tous les commentaires d’hommes qui soutiennent le mouvement et surtout par ceux de toutes les femmes qui ont été victimes. Émue fois MILLE par tous les cœurs que se partagent les femmes entre elles en guise de solidarité. Émue aussi par les témoignages de mes amies femmes qui se disent épargnées, mais qui se sentent tout autant concernées par #METOO. Elles aussi ont vécu tantôt la peur pour elles-mêmes, tantôt pour leurs filles.
En plus d’être maman d’une fille et d’un garçon, mon quotidien se joue auprès de plus de 40 enfants. Pour moi, #METOO s’est instantanément transformé en #PLEASENOTYOUTOO. Car, en plus d’avoir peur pour moi, ma fille et même mon garçon, j’ai peur pour tous les enfants! Y’a tu de quoi de moins constructif que la peur!?! GRRRRR!!!
C’est une déformation professionnelle. Quand je vois un problème, toutes mes neurones s’activent pour trouver une solution. Je vous dis qu’en ce moment, je dois lutter très fort contre la folie, car je sais que, malgré tous-mes-efforts-neuronaux, je ne trouverai pas, là, tout de suite, LA solution pour éradiquer les violences sexuelles envers les femmes et les enfants. Je n’ai pas de baguette magique!
Autre déformation professionnelle : la seule idée qui me vient en tête est celle de la Prévention-Éducation. Mais c’est surtout PARCE QUE J’Y CROIS!
Oui, je crois que nous, les parents, les éducatrices et les enseignantes (cela vaut tout autant pour le genre masculin) sommes au premier rang et devons prendre cette place bien au sérieux. Nous devons tous et toutes nous tenir la main et enseigner à nos tout-petits à se respecter et à prendre le plein pouvoir qui leur revient.
Comment apprendre à nos filles à être fières de devenir femmes?
Je veux qu’on éduque nos filles pour qu’elles soient fortes, courageuses, fières, qu’elles se sentent libres et qu’elles soient conscientes de leur pouvoir… Et qu’elles sachent l’utiliser et s’en servir.
Je veux qu’on éduque nos garçons pour qu’ils deviennent certes des hommes forts, braves er courageux, mais surtout respectueux et bienveillants envers la gente féminine.
Dans son billet du 14 juillet 2016 du blogue TPL Moms, Caroline Dawson donne un bel exemple d’intervention éducative envers un tout jeune enfant. Laissez-moi vous citer un extrait que j’aime beaucoup: « Au parc, la fillette ne voulait plus être chassée. Elle ne leur a pas dit, elle a juste arrêté de rire. J’ai fait remarquer ce changement à mon fils [3 ans] et l’ai envoyé lui demander si elle voulait encore jouer. Elle a sorti un petit non, à peine audible. C’est comme ça, fiston. Faut pas insister, c’est son corps, c’est elle qui décide. Il lui a dit: c’est ok. » Je vous invite à lire l’intégralité du billet Éduquer son garçon à ne pas devenir un agresseur. Dans cet exemple, l’intervention de l’adulte est non seulement indispensable, mais, si elle est récurrente, inestimable.
Je ne suis pas du tout spécialiste de tout ce qui a trait à la violence et des raisons, des contextes et tout le reste qui l’engendrent.
J’ai plutôt besoin qu’on dise à nos enfants qu’ils ont le pouvoir de s’affirmer, de se défendre et d’écouter leur petite voix intérieure.
Pour ce faire, nous devons modifier certains de nos comportements d’adultes. Nous devons nous DÉTABOUTISER. Nous défaire de certaines croyances qui nous limitent et qui briment nos capacités d’accompagner ceux qu’on aime le plus et qu’on veut tant protéger.
L’enfant doit apprendre à:
S’AFFIRMER! SE DÉFENDRE! ENTENDRE ET ÉCOUTER SA PETITE VOIX INTÉRIEURE!
ET
APPRENDRE CE QU’EST LA SEXUALITÉ, bénéficier d’une éducation sexuelle.
Je vous suggère ici tous les ouvrages de Jocelyne Robert dont Parlez-leur d’amour…et de sexualité et Ma sexualité de 0 à 6 ans. Et je crie tout haut qu’il est temps que ce sujet envahisse les maisons et les salles de classe!
Pour parvenir à s’affirmer, l’enfant dois savoir qu’il a l’espace pour exprimer ses besoins et ses opinions, mais également ses émotions. Le sujet de la sexualité doit faire partie des sujets ouverts dans la famille. J’en ai justement parlé dans un précédent billet Moi aussi j’ai une sexualité.
Pour parvenir à se défendre, l’enfant ne doit pas adopter le rôle d’enfant soumis aussi bien dans la famille que dans la vie sociale. À la garderie, par exemple, un enfant qui, pour s’amuser, ne fait qu’exécuter les demandes d’un copain, est un enfant qui présente un risque. Il est alors souhaitable de permettre à cet enfant de diversifier ses relations d’amitié afin qu’il puisse vivre des moments relationnels plus égalitaires.
Le support de l’adulte est essentiel à ce moment. Apprendre à dire à un ami: « Non, j’aime pas ça! » est capital pour l’épanouissement des enfants. Et même si nous, les intervenantes ou les parents, n’aimons pas voir deux enfants se chamailler et tirer sur le même objet, je vous jure que je préfère ce scénario à celui où un enfant se retire mollement et le dos courbé en position soumise. Il incombe aux adultes de proposer aux enfants des méthodes de résolution de conflits et non de soumission. Et cela est tout aussi valable dans les relations enfant-enfant que dans les relations enfant-adulte.
Pour apprendre à entendre et à écouter sa petite voix intérieure, il faut aider l’enfant à développer sa sensibilité, sa confiance et en lui et son sentiment d’être important. Pour y parvenir, on peut utiliser des événements du quotidien, par exemple des événements racontés par vos enfants, et diriger l’échange pour amener l’enfant à identifier comment il s’est senti au moment de ce dit événement. Quelles ont été les sensations à l’intérieur? A-t-il été à l’écoute de ces sensations? S’il avait écouté sa petite voix, il aurait fait quoi?
Je vous l’accorde, le concept de la petite voix intérieure est plutôt abstrait pour l’enfant. Mais, je vous l’assure, et mon expérience le démontre, plus on parlera de ce concept et plus on y apportera d’exemples personnels, plus l’enfant l’intégrera et sera capable de l’utiliser.
Toutes les fois (il n’y en a eu que deux, mais c’est déjà trop!) où j’ai été victime d’agression ou d’abus sexuels, je n’ai pas écouté ma petite voix intérieure. En fait, je ne savais pas que j’en avais une, alors j’ai tu ce que j’ai ressenti.
Maintenant que je me suis exercée et que j’ai appris à l’entendre et à L’ÉCOUTER, je me sens plus solide, moins vulnérable et je me protège beaucoup mieux. J’ai d’ailleurs sauvé la vie de mon fil en écoutant MA petite voix. Mais ça, c’est une autre histoire. Dont je suis TELLEMENT FIÈRE! Fière aussi que ma fille de 15 ans connaisse toutes ces histoires et qu’elle s’en serve comme repères, comme exemples, afin de trouver comment sa petite voix lui parle.
Vous connaissez peut-être Nanny Secours, ce blogue aux mille et un trucs pour les parents? En date du 22 octobre 2016, Manon Vicky Gauthier signe un billet portant le titre fort intéressant, simple et concret: 5 conseils pour contrer la culture du viol…dès la petite enfance! Voici les 5 conseils qu’elle nous donne. Je vous invite grandement à lire tous les détails et les belles explications accessibles de l’auteur.
- Les bisous c’est juste quand j’en ai envie!
- Quand je dis non, c’est non! À 4 ans, comme à 20 ou 50!
- Écoute ta petite voix, même quand elle murmure!
- Quand le chat, le chien, ta sœur ou ton frère ne semble pas apprécier ce que tu fais, tu dois arrêter.
- Soyez un modèle.
Je fais un rêve: que tous nos enfants, que toutes les femmes et que tous les hommes apprennent à ENTENDRE et à ÉCOUTER leur PETITE VOIX INTÉRIEURE, car elle représente leur MEILLEURE ARME contre les ABUS et dans la vie, tout court.
#PROTÉGEONSNOSENFANTS
Élyse Gagnon-Pelletier
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