Moi aussi, j’ai une sexualité…
Très chère Pascale, très chère Caroline,
Je suis enchantée d’aborder ce sujet que nous avons tendance, comme société, à mettre un peu de côté (pour les enfants)! Dans les faits, la sexualité est omniprésente. On est bombardé d’images et de stéréotypes. Seulement, le problème, c’est que tout ça ne concerne pas les enfants; on ne veut même les en éloigner. Mais, qu’on en ait conscience ou pas, le développement sexuel des enfants se fait. Et on doit s’en préoccuper et en prendre soin.
Le fait de connaître et de comprendre les différents stades du développement psychosexuel est essentiel pour bien accompagner son enfant dans ses explorations et ses questionnements. On peut se repérer et suivre pas à pas son niveau d’intérêt et de compréhension et ainsi établir un dialogue respectueux.
Pour répondre au questionnement de Pascale dans son billet de lundi, il n’y a aucun doute qu’on devra tous aborder un jour la question de la sexualité avec nos enfants. Ceci étant dit, je ne crois pas qu’il existe UNE bonne ou UNE mauvaise façon de parler de ce sujet. Il y a autant de possibilités que de personnalités !
Cela suppose de se respecter soi-même en tant qu’individu ayant son bagage, son éducation, ses limites, ses craintes, etc. Car, comme elle l’a si bien dit, ce sujet est souvent lourd d’histoires et de refoulement. Le sujet de la sexualité n’est pas simple et ça ne sert à rien de faire comme si ça l’était.
Là je vous entends déjà me dire : « Oui mais comment ne pas transmettre à mon enfant toutes mes peurs et mes craintes ? ». Je n’ai malheureusement pas de réponse précise à vous fournir, car je crois que notre vécu personnel est notre allié, notre guide qui nous indiquera nos repères et nos limites dans notre façon d’aborder ce sujet. Je crois que tout part d’une bonne connaissance de soi et dans connaissance, j’entends lucidité et acceptation de soi-même.
Pour vous guider dans la démarche, je vous propose le livre Le sexe en mal d’amour de Jocelyne Robert. Je conseille ce livre aux parents parce que je crois que plus nous sommes confortables avec notre propre sexualité d’adulte, plus il nous sera possible de parler librement et ouvertement de ce sujet avec nos enfants.
Pour répondre à la question Comment on fait des bébés ?, cette auteure nous propose également une lecture très intéressante : L’histoire merveilleuse de la naissance. Je suis d’avis que plus on lit, plus on a d’idées en tête et plus on est en mesure de discerner ce qui nous rejoint ou non. La lecture nous apporte non seulement des nouvelles connaissances, mais elle nous aide aussi à faire le ménage dans nos idées, ce qui nous amène à structurer notre pensée. Mais je sais que les parents de jeunes enfants manquent de temps pour tout faire et doivent bien souvent revisiter leur liste de priorités! Et je me doute bien que des lectures comme celles-là peuvent demander du temps!
C’est aussi propre à notre époque de vouloir trouver rapidement une information, une réponse, une solution… Dans ce cas, je suggère fortement de simplement suivre le rythme de nos enfants.
Lors de l’atelier-conférence sur la sexualité chez les enfants que nous avons présenté ici, chez Hibouge et Bilingo, la conférencière Mélina Deschênes de NŒUD nous suggérait, entre autres, de retourner la question à l’enfant. Cet exercice est simple et nous permet rapidement de connaître le niveau de connaissance de notre petit coco et les limites à ne pas franchir. Selon elle, ça ne sert à rien de donner trop d’informations et d’être trop explicite si l’enfant n’a pas la maturité pour l’intégrer. C’est un peu comme les limites d’âge au cinéma ! Quand c’est 13 ans et plus, c’est 13 ans et plus et ce n’est pas pour rien. Le développement social, affectif, cognitif, moral et langagier d’un enfant de 6 ans n’est pas prêt à voir et à entendre ce qu’on présentera dans un film 13 ans et plus. Je vous laisse visionner un extrait de cet atelier-conférence présenté par Mélina Deschênes. Elle allume plusieurs lanternes !
Nous attendons d’ailleurs impatiemment le prochain atelier-conférence du 24 avril car les participants et les participantes du premier atelier, Connaître et comprendre les comportements dérangeants des enfants animé par Véronique Vincent CommeUnique, auront la chance d’approfondir les notions déjà explorées. Avec sa technique d’animation basée sur l’intelligence collective, Mélina Deshênes les amènera à échanger entre eux. Une soirée fort enrichissante et pleine de dynamisme nous attend!
Revenons à quelques interrogations. La masturbation chez les enfants est plus fréquente qu’on le croit et est une activité normale. Elle a plusieurs fonctions, entre autres, aider l’enfant à gérer son stress. En se masturbant, l’enfant éprouve d’agréables sensations et s’apaise. Pascale a tout à fait raison de croire que la masturbation est une activité intime qui se fait seule et qu’il y a des temps et des lieux pour s’y adonner. L’enfant est en mesure de bien comprendre cette règle lorsqu’elle lui est présentée avec respect. Il peut évidemment s’y adonner très spontanément, à n’importe quel moment de la journée, mais nous lui rappellerons la règle du lieu et de l’intimité.
Quant à « jouer au docteur », c’est une manière d’explorer la sexualité. Ce type de jeu survient lorsque l’enfant prend conscience de son genre (fille ou garçon) et qu’il cherche à s’identifier. Il est curieux de vérifier qui est comme lui ou ne l’est pas et quelles sont les différences entre ses amis. Je ne tiens pas à m’aventurer trop loin dans ce sujet au risque de vous induire en erreur. Je vous suggère toutefois un autre livre de Jocelyne Robert : Ma sexualité de 0 à 6 ans. Tout y est expliqué ! Et le livre Ma sexualité de 6 à 9 ans sera utile lorsque le petit grandira. Comme je te connais Pascale, tu prendras de l’avance ! Aussi, dans cet article de Naître et Grandir, on affirme que l’exploration sexuelle de ce genre est normal, mais qu’il faut garder en tête que cela demeure sain si et seulement si les enfants impliqués ne se sentent pas obligés de le faire et s’ils sont d’âges similaires.
Aussi, il faut garder en tête que, pour tous les sujets, le fait de tourner autour du pot rend la situation confuse et ambiguë. Il en est de même pour la sexualité! En nommant les organes sexuels avec leurs vrais noms, nous donnons vie au sujet. Ce que je veux dire, c’est que, quand on est à l’aise avec le vrai vocabulaire, on s’autorise et on autorise nos enfants à en parler librement. Les organes sexuels font partie du corps de l’enfant tout comme le sont ses bras, sa tête ou son cœur. En appelant sa vulve ou son pénis un « titi », un « minou » ou un « kiki », on invite le malaise à s’installer. Parlez-leur d’amour et de sexualité est un autre beau livre de la même auteure. Il nous invite à établir les bases d’un échange ouvert et respectueux avec nos enfants.
Je ne peux pas terminer sans dire un mot sur la prévention de l’abus sexuel chez les enfants. Te laisse pas faire est un guide merveilleux pour les parents! Afin que nos enfants puissent s’épanouir et développer une saine relation à leur sexualité, on doit faire de la prévention. Et comme il est difficile de savoir comment s’y prendre pour ne pas semer des peurs chez nos enfants, ce guide est une vraie bible!
Bonne lecture et à bientôt !
Élyse Gagnon-Pelletier
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