Mon deuil périnatal et ma vie avec Matteo
« Quand ça arrive, ça dépasse ce que tu peux comprendre, ce que tu peux imaginer pouvoir vivre. »
En attente de cet enfant désiré
La grossesse est un moment privilégié et intense pour la femme. Toutes les facettes de son être se transforment. Elle est de plus en plus habitée par le petit être à naître et par tout ce que devenir mère implique. Elle découvre et apprivoise la maternité et sa nature féminine. Elle apprend, jour après jour, à accueillir les émotions qui surgissent et émergent en elle : l’amour avec un grand A, la joie, l’inquiétude, la peur, etc. Elle se prépare à l’inévitable et très souvent attendu accouchement, à cette rencontre tant espérée. Mais jamais, et tant mieux, elle ne se prépare à accueillir la mort.
Un témoignage d’espoir et de guérison
Pour faire suite à ce thème douloureux qu’est la perte d’un bébé, j’ai eu envie de vous présenter un témoignage porteur d’espoir d’une merveilleuse amie qui a généreusement ouvert son cœur à la vie. Parce que oui, comme elle me l’a si bien dit : « La mort fait partie de la vie comme la vie fait partie de la mort ».
Renée-Claude Tremblay du Salon de yoga
Je connais Renée-Claude depuis de nombreuses années. Nous avons eu quelquefois l’occasion d’échanger au sujet de Matteo, décédé il y a maintenant 12 ans. Je ne sais pas trop comment vous dire, mais mon amie s’est métamorphosée au fil du temps. Elle a accueilli les événements, année après année, et a saisi toutes les occasions possibles pour faire évoluer sa souffrance en source d’éveil et de croissance personnelle et spirituelle.
Renée-Claude Tremblay a fondé et est propriétaire du Salon de yoga où elle offre un enseignement en lien avec la maternité et les différentes phases de transformation de la femme, et ce, depuis maintenant 10 ans. « Le yoga et la méditation m’ont grandement aidée. Le corps demeure pour moi un grand mystère, il est notre véhicule, il transporte un bagage énorme, je dirais gigantesque. Ça fait un grand bien d’en relâcher des bouts en chemin, c’est plus léger ensuite.»
La ritualisation nécessaire
Alors qu’elle était encore aux soins intensifs à la suite des complications, Renée-Claude et son mari ont décidé de faire le baptême de leur nouveau-né à l’hôpital. « Pour nous, il était important de lui donner son nom et de ritualiser ce moment avec le parrain, la marraine et deux amis très proches dans une très grande intimité pour un moment si délicat de la vie ».
« La ritualisation, que l’on soit croyants ou pas, est très importante. Il y a toujours plus grand que nous. On peut le nommer comme on veut : Dieu, l’Univers, la Nature, peu importe. On peut créer, inventer ou se faire guider dans des rites qui nous ressemblent. Les symboles grandissent et nous apportent un baume qui s’encre profondément. »
Dans les jours qui ont suivi, ils sont rentrés à la maison et ont installé l’autel de Matteo, « un lieu de recueillement, un endroit où on a déposé sa photo et toutes les petites choses qui nous sont restées de lui. Le silence a accompagné nos premières semaines de deuil. Nous avons pleuré notre peine énormément, mais aussi étrange que cela puisse paraître, nous avons vécu des grands moments de grâce. Pour nous, Matteo avait vécu ce qu’il avait besoin de vivre, et c’est avec nous qu’il l’a vécu. Nous avons toujours eu, dès le début, un très grand respect pour cet être comme nous avons pour chacun de nous (mon mari, mes trois enfants et moi). »
Comment « continuer la vie »
Renée-Claude et son mari, Pierre, ont quatre enfants qui ont aujourd’hui 10, 8 et 6 ans et Matteo. « Je crois que la meilleure manière de vivre par la suite, c’est d’apprendre à vivre avec. De lui faire une place même si physiquement, il n’est pas là… Puisqu’il sera toujours dans notre cœur et cela est vrai pour chacun des membres de la famille ».
Faire confiance au temps et rester ouverts aux belles rencontres
« Il y a 2 ans, à la suite d’une succession d’événements inattendus, j’ai ressenti de la gratitude alors que je n’avais jamais pensé ni même voulu dire merci. J’étais consciente que tout ce qui avait changé dans ma vie et dans ma famille, c’était grâce à Matteo. Je suis maintenant capable d’en parler d’une manière tellement différente parce que c’est plein de lumière, parce que je sais que ça va continuer à orienter ma vie. »
« Il y a de bonnes personnes bien placées sur notre chemin pour nous aider à avancer et j’en profite ici pour les remercier du fond du cœur. Toutes ces personnes, chacune à leur manière, ont été tellement précieuses dans mon cheminement : Pierre, mes amis, ma famille, Renée Dagenais de Yoga Santé, mes sages-femmes Christine Roy et Jeen Kirwen de la Maison des naissances, Annie Ruelle du centre l’Odyssée, Esther Tremblay, Nancie Forest et Anne-Marie Lemay (deux femmes de cœur et d’âme). »
C’est à mon tour, Renée-Claude, de te remercier du fond du cœur, car ton témoignage empreint de vie est porteur d’espoir pour les parents qui traversent le deuil d’un enfant absent. Merci de t’ouvrir et de partager cet univers intime et bouleversant pour répandre la chaleur du réconfort et la possibilité d’atteindre la sérénité.
Elyse
Élyse Gagnon-Pelletier
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