Un nouveau bébé dans la famille : la réponse d’Elyse!
Très chère Pascale, tu poses tellement les bonnes questions et toutes tes inquiétudes sont légitimes! On a beau se dire qu’on ne s’en fait pas, que tout va s’imbriquer comme les morceaux d’un casse-tête une fois le bébé arrivé… Je crois bien que tous les parents ont les mêmes soucis. C’est le reflet d’un besoin bien réel : celui de continuer à prendre soin de la famille qu’ils ont réussi à construire jusqu’alors tout en évoluant avec le nouveau venu, en lui faisant une place.
Les intervenantes de Naissance Renaissance Estrie, ont abordé tous les sujets, toutes les questions relatives à cette réalité de bien des familles. Le défi dont elles parlent n’est pas d’accueillir un nouveau-né en soi, car les parents d’un deuxième enfant ont déjà cette expérience et se sentent probablement déjà beaucoup plus en confiance dans leur rôle de parent…
Le défi réside plutôt dans la poursuite de cet équilibre familial, de cette harmonie au quotidien où chacun s’investit pour maximiser les moments de qualité et de bonheur. Parce que, n’est-ce pas ça que l’on veut tous, le bonheur?
Le premier enfant d’une famille a droit à l’exclusivité de son ou de ses parents. Il est donc évident que la question se pose lorsqu’un second enfant arrive. Est-ce que les temps d’exclusivité seront encore possibles avec chacun de mes enfants? Comment réagira le premier à cette perte de statut d’enfant unique, le seul statut qu’il connaît, en fait?
Pour faire suite à la scène que tu as vue alors que tu n’étais pas encore maman et que tu étais en France, je te dirais que la jalousie exprimée est une émotion tout à fait normale dans une circonstance pareille. Ce que tu as pu observer, c’est un enfant exprimant son émotion avec les outils qu’il possédait, c’est-à-dire, crier, pleurer et pousser. C’est merveilleux qu’il soit arrivé à exprimer sa jalousie et son besoin d’exclusivité! Et quelle chance d’avoir eu un papa à la rescousse!
Cela dit, même si nous encourageons l’expression des émotions de nos tout-petits, il n’y a pas toujours un parent sauveur pour nous sortir d’une situation inconfortable et nous ne réagissons pas toujours de la bonne façon devant leurs manifestations. Comme dans ton anecdote! La réaction de la maman a été une réaction de lionne protectrice. Un instinct de protection pour le plus vulnérable. Maintenant, lorsque nous avons ce type de réaction, il est possible de nous reprendre et de réconforter l’enfant en lui démontrant notre compréhension et notre empathie.
On pourrait, par exemple, dire : « Je comprends vraiment que tu trouves difficile de voir ta petite sœur dans mes bras alors que tu aimerais te faire prendre toi aussi. Tu aimerais te faire prendre aussi? J’aimerais beaucoup te prendre moi aussi, mais je suis incapable de vous prendre tous les deux en même temps. Veux-tu t’assoir à côté de nous quelques minutes et quand papa sera de retour, il prendra ta sœur et tu pourras venir sur moi. Tu as le droit d’être triste ou en colère, mais je ne suis pas d’accord que tu bouscules ta sœur. Ça va? Tu viens maintenant? »
Je ne connais pas toutes les réactions d’enfant possibles, mais je sais que cette manifestation d’empathie à leur égard aura un impact positif dans la consolidation des différents rôles au sein de la famille et dans les relations interpersonnelles de tous ses membres.
Tous les moments passés auprès de votre enfant où vous lui accordez toute votre attention ont évidemment été bénéfiques pour lui. Cependant, son quotidien avec une fratrie lui apportera de nouveaux bonheurs auxquels il ne pouvait pas goûter avant, et ce, malgré les petits inconvénients qui vont avec!
Chez Hibouge et Bilingo, nous mettons l’accent sur le rôle de grand de celui qui accueillera bientôt un nouveau bébé dans son quotidien. Nous avons mis en place le rituel chaleureux que voici : nous remettons une belle carte signée de tout le personnel et de tous les enfants (petits dessins ou prénoms pour ceux qui s’amusent avec les lettres) au grand. Nous lui disons comment nous sommes heureux pour lui et comment son nouveau bébé est chanceux d’avoir un grand frère ou une grande sœur comme lui sur qui il pourra compter et sur qui il pourra prendre exemple.
On prend la peine de nommer une qualité de l’enfant comme, par exemple, qu’il fait les plus beaux câlins du monde! Quand les parents viennent nous présenter le nouveau bébé, nous nous concentrons sur l’enfant que nous connaissons déjà en lui demandant de nous faire les présentations. Nous lui posons des questions du genre : « Qu’est-ce que tu lui dis à ton bébé? » ou : « Est-ce qu’il te fait des sourires? Est-ce qu’il mange la même chose que toi au déjeuner? Est-ce que vous partagez vos bottes d’hiver? » On a du plaisir, on fait des blagues et on rigole ensemble.
Et lorsque nous nous adressons au nouveau-né, nous lui parlons de son grand frère ou de sa grande sœur en lui disant, par exemple : « Tu es aussi beau que ton grand frère! » ou : « Est-ce que tu chantes des belles chansons comme ta grande sœur? » Nous prenons simplement le temps de célébrer la naissance d’un grand frère ou d’une grande sœur!
La naissance d’un nouveau bébé fragilise la sécurité affective du plus grand parce que, du jour au lendemain, il ne sera plus (le) seul. Je suis tout à fait d’accord qu’il est important de préparer l’enfant plus grand à ce changement qui s’en vient. Les enfants comprennent énormément de choses lorsqu’on prend le temps de leur expliquer.
Cependant, sachant que l’enfant vit dans le « ici et maintenant », toute cette idée de devenir le grand frère ou la grande sœur d’un nouveau-né demeure abstraite. Mais c’est en fait la même histoire lorsqu’on devient parent pour la première fois. Tout le monde s’entend pour dire qu’on ne peut pas savoir ce que c’est que d’être parent avant de le devenir!
Nous nous laisserons toujours attendrir et émouvoir par les nouveau-nés et c’est tout à fait normal, ils sont tellement mignons! Mais, ne laissons pas de côté les plus vieux, ceux qui étaient là avant et qui, jusqu’à hier, étaient sources de nos émois. En les impliquant et en leur démontrant l’importance de leur nouveau rôle, nous contribuerons à instaurer une nouvelle dynamique familiale saine où chacun trouvera rapidement la place qui le valorise et le rend heureux.
Élyse Gagnon-Pelletier
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